Bonjour à toutes et à tous,
Moi c’est Mickael Tuck, ex khâgneux de Saint-Ex à Mantes en 2010, autant dire tout juste sorti de l’établissement. Si pour beaucoup, demain c’est la rentrée, demain est aussi pour moi une grande étape puisque je vais intégrer l’ICN Business School de Nancy, l’une des meilleures écoles de commerce de France. Avant tout cela je vous propose un petit retour en arrière…
Janvier 2010. C’est une nouvelle année qui commence et une année de prépa déjà bien plus qu’entamée. Et c’est déjà le moment de faire un bilan : dans 4 mois, les concours ! Car en plus des concours des écoles de commerce, il faut passer l’ENS. Alors on regarde ses notes, les résultats des concours blanc, et les résultats semblent plutôt inquiétants, c'est-à-dire une moyenne d’environ 7 sur l’année. Que faire ? On commence à écumer les sites internet des différentes écoles, les classements, les notes moyennes obtenues par les admis, et on se met une immense pression!
Févier et Mars 2010. Apres m’être inscrit sur le net aux différentes banques d’épreuves communes soit ECRICOME et BCE, il faut désormais multiplier les exercices d’entrainement et fournir un travail encore plus important, car pour moi, l’idée de ne pas obtenir ne serait-ce qu’une école, plane sur ma tête… Une journée va changer de nombreuses choses dans mon esprit : la visite des oraux à HEC. En effet, il est possible de voir comment se déroulent les épreuves pour les candidats, soit des jeunes de notre âge, en direct dans la salle d’examen. Il ne faut pas se leurrer, le niveau est considérable, et pourtant on se rend compte que les épreuves sont exactement les mêmes que celles auxquelles nous avons été préparés pendant deux années (kholles) et que les sujets, sont aussi traités pendant l’année. Déclic ? Oui, car je me sens alors plus prêt à affronter les épreuves à venir.
Puis, réception des convocations aux écrits. Boule au ventre. Nouvelle dose de stress. Et pourtant, le 4 Avril prochain à 8h30, je serai à Paris, au lycée Louis Le Grand, place 187, pour ma première épreuve de philo, de la banque Ecricome.
Il faut alors s’organiser car l’aller-retour de Paris à Mantes pendant le temps des écrits, soit 4 semaines complètes (lundi au vendredi, matin et après midi, 4h par épreuve) ne me paraissait pas possible. Et j’ai bien eu raison. Par chance, mon meilleur ami, possédait un appartement, à Gennevilliers, soit le terminus de la ligne 13 du métro parisien. C’était donc l’occasion de découvrir la vie en colocation! Des moments inoubliables!
Avril 2010. L’échéance approche, derniers devoirs rendus, derniers encouragements des professeurs, le stress se fait sentir de plus en plus, car après tout, je joue là mon avenir, et peut être le début d’une nouvelle vie. Car après deux ans de prépa, on se dit que l’on mérite d’obtenir une « récompense » suite aux efforts fournis.
Pour être honnête, la première semaine de concours concerne l’ENS et pour moi c’est une formalité car j’ai beaucoup plus révisé pour mes écoles de commerce que pour celui-ci. Sauf qu’on se prête au jeu car on a envie de savoir ce qu’on vaut, surtout dans sa spécialité. Pour moi c’était en anglais et j’ai eu un petit 5. Puis j’entame les épreuves de la banque ECRICOME, soit le concours le plus haut pour les écoles après HEC. Donc je prends les épreuves au sérieux bien sûr, mais plus comme un moyen de prendre mes marques face aux vraies dispositions de concours. En effet, à ce moment je n’ai rien à perdre, car mon choix initial s’oriente vers des écoles parisiennes, (ISC et INSEEC) appartenant à la banque BCE, soit les trois autres semaines de concours.
4 avril, 7h. Je n’ai honnêtement jamais autant stressé de ma vie. Je prends le métro, reçois les derniers sms d’encouragement des copains et me dirige vers ce grand lycée qu’est Louis Le Grand. Je suis impressionné car le lycée est situé dans le beau quartier latin et devant l’établissement attendent environ 300 étudiants des toutes les Yvelines. Il y a en effet des centres d’examen dans toute la France. Et là, tous ensemble mais seuls, nous devons penser à la même chose : toutes ces personnes sont des concurrents et tous vont donner leur meilleur dans les heures à venir. Pour moi, ces épreuves représentent beaucoup. Je suis sportif et j’ai le goût de la compétition, alors me retrouver face à tous ces candidats de formation économique, me donne envie de défendre d’autant plus mes chances, moi le fier littéraire. Mais bien au delà de la simple opposition de style, c’est une sorte de rêve pour moi. Jusqu’où peut aller un élève « moyen », d’une petite prépa de banlieue, issu d’un collège ZEP et d’un lycée dont beaucoup d’élèves viennent du Val Fourré? Face à ma copie anonyme, j’oublie toutes ces différences qui m’opposent aux autres candidats, et il n’y a plus que moi, mon esprit, et mon envie de Réussir.
Contre toute attente, cette première semaine se passe plutôt bien car dans chaque épreuve, j’ai le sentiment d’avoir donné le meilleur de moi-même, et je n’ai par conséquent pas de regret. Car si je ne suis pas admissible, j’aurai fait de mon mieux. Les sujets sont souvent originaux, mais jamais totalement inconnus et l’on se sert des choses apprises en cours mais aussi de sa culture personnelle, et pour des épreuves comme la philo avec des sujets tels que « l’artiste, médiateur ou créateur ? », l’occasion de montrer « ce qu’on a dans le ventre » est une chance.
Le plus difficile est de se sentir prêt car jusqu’au dernier moment, j’essayais de réviser pour être encore plus prêt mais devant sa copie, on s’aperçoit que quelque part, les jeux sont fait depuis longtemps, car les méthodes, les cours appropriés, deviennent les points fort, et non pas ce qu’on a lu, la semaine dernière. De même, la gestion du temps est primordiale, car 4h passent très vite quand on a tout à dire, et il est certain qu’on sort tous épuisés après chaque épreuve. Mais même si la fatigue n’a jamais été aussi grande depuis 3 semaines (et croyez moi, la fatigue pendant la prépa je sais ce que c’est avec les nuits blanches, et celles de 4 ou 5h), cette fatigue n’est pas la même : l’esprit et le corps sont épuisés, mais on prend le rythme de venir dans la salle, avec les mêmes autres visages, s’assoir, travailler et recommencer… et pour ma part, la dernière semaine, la plus difficile pourtant, fut simple car tout se bouscule et on se dit qu’on en a fini, que ce sont les derniers devoirs de prépa à rendre et qu’il ne reste plus qu’à être patient.
La patience, qualité précieuse quand on doit attendre un mois et demi pour savoir si l’on sera accepté ou si tous nos espoirs s’envoleront après un refus… Pour moi, les choses étaient plus simples car, ayant donné le meilleur de moi-même, je n’avais donc aucun regret, mais la pression était néanmoins toujours importante. Alors même si on commence doucement à réviser les oraux, on profite surtout des derniers cours de prépa, des derniers moments avec sa classe et tout prend une autre dimension. La fin approche.
Alors quand le 16 juin je me retrouve dans ma classe à attendre mes résultats, mes amis sont là pour me soutenir mais l’attente est insupportable ! Et je découvre avec grande surprise que je suis admissible a l’ICN Nancy, groupe Ecricome ! Surprise pour moi, mais grande surprise aussi pour mon entourage et mes professeurs qui ne s’y attendaient pas !
Deux jours plus tard, alors que je suis déjà soulagé d’être admissible dans une école, je reçois mes résultats BCE et me rend compte que je suis admissible dans plus de 16 écoles dans toute la France, dont les parisiennes que je voulais initialement.
Très vite, soit dès le 23 juin, je reçois mes premières offres d’écoles, car une fois admissible, il faut savoir que les écoles sont aux petits soins : vous êtes une potentielle nouvelle recrue. Mais le travail et le stress ne sont pourtant pas à oublier, car on se dit que si proche du but, l’échec serait plus que douloureux.
C’est donc parti pour le traditionnel « tour de France » des écoles. Oraux multipliés grâce à l’engagement des professeurs, je me sens prêt à affronter cette nouvelle vague d’épreuves. Le samedi 26 je suis convoqué à l’Inseec Paris, l’un de mes premiers choix et tout se passe très bien, mieux même. Car au delà de l’entretien individuel et collectif, et des oraux de langues, les locaux, les cours et Paris me plaisent ! Je sors donc conquis de cette école, croisant les doigts pour être accepté. Mais les oraux continuent, et en moi persiste le sentiment que mon choix est l’Inseec. Je vais a l’ISC Paris que je n’apprécie pas beaucoup, puis à Rennes en une journée grâce à l’intervention de l’un de mes proches amis, mais là encore je ne suis pas sous le charme : l’Inseec m’a fait une trop bonne impression. IL faut savoir que cette période des concours coûte vraiment très cher car il faut se déplacer dans les villes et souvent y passer deux jours. Puis le 3 juillet, je pars pour Nancy, hésitant cependant car pour moi, mon choix est fait : ce sera l’Inseec.
1h30 de TGV plus tard je suis en Lorraine, 20h15 heure locale. Un jeune étudiant tout d’orange vêtu m’accueille, nous nous rendons dans un restaurant avec l’ensemble des admissibles et je commence à parler avec eux de leurs impressions sur les écoles. Constat ? L’école de Strasbourg plait beaucoup, Bordeaux aussi, et étrangement Marseille déçoit. Mais pour l’heure, nous découvrons Nancy. Après avoir beaucoup parlé des écoles, l’heure est à la détente et nous dinons dans une ambiance festive. Puis, les admisseurs nous proposent une surprise : nous nous rendons Place Stanislas, au cœur de Nancy, sur l’une des plus belles place du monde, bien sûr nous faisons le trajet à pied et Nancy apparait comme une ville magnifique, pleine de rues piétonnes au charme fou. Puis je découvre avec des yeux stupéfaits le spectacle de l’Ecole des Beaux Arts qui est une projection son et lumière sur la place. Je craque. Nancy change petit à petit dans mon esprit.
Le lendemain, le stress est plus important car les oraux ECRICOME sont les plus durs après HEC et mon envie d’intégrer Nancy se fait grandissante. Nancy est la seule école à comporter une vidéo dans l’entretien individuel : le principe est simple : il n’y a pas de règle. Pour ma part je choisi l’originalité : un littéraire se doit bien cela. Je choisis en effet de faire ma présentation sans parler et termine par un petit « striptease » car « quitte à se mettre à nu, autant le faire pour de vrai ». Cette phrase fera son effet au sein de mon jury exclusivement féminin qui prendra ma démarche au sérieux, mais qui appréciera mon auto dérision et ma joie de vivre. Je passe un bon moment et sors content de mon oral. Puis l’espagnol, très bien. Enfin l’anglais de même. Cependant, pour l’anecdote, l’anglais m’a surpris puisque passé mon exposé, l’examinateur me remercie et me dit que l’oral est terminé au bout de 10 minutes seulement ; dépité, je lui dis que je peux lui parler de mes projets etc … mais il refuse et me raccompagne à la porte. A ce moment, je suis déçu, car rater l’épreuve signifie presque une disqualification pour l’école, au vue des coefficients. Voyant, ma déception, il m’interpelle et me dit : « c’était excellent, je n’ai pas besoin d’en entendre plus ». Je suis aux anges !
Je profite de l’après midi pour visiter la ville et tombe sous le charme. Mon choix est tout autre lorsque je prends le tgv pour rentrer chez moi : mes oraux sont terminés, et mon premier choix sera Nancy, puis l’Inseec.
Le 23 juillet, les résultats tombent : je suis admissible à Nancy mais sur liste complémentaire, rang 800 et non admissible à Paris. Par conséquent je n’ai plus de plan B. Ce n’est qu’au terme de trois jours supplémentaire que je reçois le sésame : je suis admis à l’ICN. Que dire ? Tous les sacrifices, la pression, le travail, les craintes, tout disparait pour laisser place à un profond soulagement. C’est le bonheur, un bonheur communicatif avec les proches et l’entourage. Mais très vite tout s’enchaine dans ma tête car en un mois je passe de « école parisienne » à « école à Nancy, donc appartement, indépendance, budget… ». Passé tout le coté administratif, inscriptions, justificatifs… le mois d’Août reste très éprouvant car on se dit qu’il va falloir quitter sa ville, ses amis , sa famille. Et pour ma part je n’y avais pas encore pensé. C’est déchirant, certes, mais tous me poussent à aller de l’avant, car une chance comme celle-ci est rare.
Et j’écris donc ce mail dans mon petit appartement de 18m², situé en centre ville, dans lequel je me sens très bien !
Pour conclure ce long récit de mes périples j’aimerais simplement vous dire à vous étudiants, futurs candidats, que RIEN n’est joué. Il faut croire en vous et ne pas avoir peur de vos rêves mais il faut vous battre pour eux, car si vous le voulez vraiment, donnez-vous les moyens, et ça finira par payer, peu importe de quel milieu vous venez, peu importent vos résultats et surtout peu importe ce que les gens disent de vous, VOUS êtes le seul que vous devez croire si on vous met des bâtons dans les roues. Sur ce, je vous souhaite à tous bon courage et n’hésitez pas à me contacter si je peux vous aider de quelque façon que se soit !
Mickael, un petit rêveur.
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