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dimanche 3 avril 2016

9-N, 27-S, et après....



Deux millions de votants dont certains n’auraient pas pu voter en cas d’élection légale, 80 % de voix en faveur d'un État catalan indépendant d’une minorité qui s’est exprimée. Les indépendantistes catalans veulent croire qu’ils ont réussi leur pari le dimanche 9 novembre 2014 dans un scrutin que le Tribunal Constitutionnel espagnol avait déclaré illégal. Certes, ces chiffres ne représentent pas la majorité des quelques 6 millions d'électeurs inscrits dans la région. Mais compte tenu des conditions du vote, cette consultation a clairement montré la montée en puissance de l'indépendantisme en Catalogne. Mais attention, 1,8 millions de Catalans ont voté pour l'indépendance, soit autant que les votes pour les partis régionalistes et indépendantistes en 2012 avec une participation pratiquement deux fois plus élevée.
La montée de l'indépendantisme
C'est donc désormais près d'un électeur sur trois qui soutient activement et franchement l'option de l'indépendance. Or, traditionnellement, depuis le retour de la démocratie en 1977, les partis ouvertement indépendantistes ne dépassaient guère les 15 %. Ce vote du 9 novembre a donc prouvé clairement une évolution de l'opinion catalane vers la séparation avec Madrid. Or, ce mouvement est souvent observé non seulement dans le reste de l'Espagne, mais aussi en Europe - et particulièrement en France - avec méfiance, si ce n'est avec hostilité.  Plus encore que le réflexe centralisateur traditionnel de nos compatriotes qui voient immanquablement un danger dans ce type de mouvement, l'indépendantisme catalan est souvent considéré comme la conséquence de « l'égoïsme » d'une région riche ne souhaitant plus payer pour les régions plus déshéritées d'Espagne. Une sorte de nationalisme de riche qui ne serait pas sans rappeler les mouvements autonomistes flamands ou de l'Italie du nord. Ce sentiment est-il justifié ?
Le déficit fiscal
En apparence, oui. Une des questions clés de la Catalogne, c'est le « déficit fiscal » de cette région, autrement dit sa contribution nette au budget du reste de l'Espagne. La « communauté autonome » catalane est une des plus riches du pays et elle est soumise au même régime de répartition que les autres, à l'exception du Pays Basque. Son « déficit fiscal » est immense, il représente 8 % du PIB catalan. « Aucune région en Europe ne souffre d'un tel déséquilibre », explique Ferran Requejo, professeur de sciences politiques. Les Catalans auraient donc plus de raison de se plaindre que les Flamands ou les Italiens du Nord, pourtant fort habitués aux jérémiades contre les « paresseux wallons » et les « voleurs romains. »
La chance de l'Estatut de 2006
A la longue, la question de ce large déficit fiscal a fini par se poser : donner à la Catalogne la capacité de mener une vraie politique économique et sociale autonome. Autrement dit accepter au sein de l'Espagne, une identité économique catalane. C'est cette idée qui a présidé aux premières réflexions sur le nouveau statut (Estatut) au sein de la monarchie espagnole au milieu des années 2000. Là encore, comme le souligne Ferran Requejo, il ne s'agissait pas de briser les liens de solidarité, mais de « ne plus être une communauté autonome comme les 17 autres. »
L'exemple basque
Or, la Catalogne pouvait se prévaloir d'un exemple : le Pays Basque. Après le franquisme, pour obtenir le ralliement du Parti National Basque (PNV) à la Constitution, les autorités de Madrid ont donné à l'Euskadi un statut fiscal très autonome. A l'exception de certains impôts « régaliens » (droits de douanes, par exemple), les taxes et impôts basques sont collectées par une agence fiscale basque qui, ensuite, reverse un « quota » de ces recettes à l’État central pour les dépenses qu'il engage sur le territoire basque. Ce quota est régulièrement renégocié entre le gouvernement régional et Madrid. Ce statut très avantageux a été obtenu au nom des « droits historiques » de l'Euskadi. Et c'est là que le bât blesse, car la Catalogne, en raison de son identité revendique aussi des « droits historiques. » Pourquoi alors refuser à Barcelone ce qu'on accorde à Bilbao ?
Le rejet de l'Estatut
L'Estatut adopté par référendum et par les chambres législatives régionales et espagnoles en 2006, était cependant beaucoup plus modéré que le statut basque. Mais il prévoyait la création d'une Agence Tributaire Catalane (ATC) chargé de collecter les impôts catalans, et la réduction du déficit fiscal à 4 % du PIB. Autrement dit, il permettait d'allier maintien de la solidarité et large autonomie fiscale. Une solidarité nouvelle qui avait été acceptée par les Catalans. Mais le recours de députés du Parti populaire devant le Tribunal Constitutionnel a conduit à la censure de plusieurs mesures de l'Estatut, notamment les dispositions financières. La Catalogne s'est donc retrouvée au point de départ et l'ATC est une quasi coquille vide. L'Espagne a alors laissé passer une chance historique de conserver une Catalogne « autonomiste. »
Négocier d'État à État
De l'avis de beaucoup, cette censure, en juin 2010, a été une rupture. Bien des Catalans se sont alors dit que discuter avec Madrid en tant que simple « communauté autonome » ne pourrait mener à rien et que l’État espagnol, trop heureux du déficit fiscal catalan, ne ferait rien qui puisse le réduire. Mieux même, en raison de ce déficit, la Generalitat, le gouvernement catalan reste dépendant de Madrid : pour preuve en 2012, elle a dû demander une aide au gouvernement central pour faire face à ses obligations. Mais cette aide n'aurait sans doute pas été nécessaire en cas de déficit fiscal réduit. Dès lors, pour une partie des Catalans, la seule option serait de prendre sa pleine indépendance pour pouvoir négocier « d'égal à égal. » C'est bien le refus de prendre en compte l'identité économique catalane qui a brisé la longue acceptation catalane de demeurer dans le cadre de l’État espagnol, pas le refus de la solidarité.
La rupture de l'austérité
L'autre point de rupture économique a été l'austérité mise en place à partir de 2010 en Espagne. Le retour encore fragile à la croissance l'a un peu fait oublier, mais ce mouvement a été d'une grande violence. Il a été particulièrement mal accepté en Catalogne Il l'a été d'autant plus mal que la contribution de la Catalogne aux finances espagnoles est, on l'a vu, forte. Là encore, bien des Catalans ont mal perçu les coupes budgétaires imposées par Madrid. Et en ont conclu qu'une Catalogne indépendante pourrait mieux défendre son « modèle social. » C'est le point de vue qui est aujourd'hui défendu par le parti indépendantiste de la Gauche Républicaine (Esquerra Republicana Catalana, ERC).
Un « nationalisme » ouvert
Ce refus de l'austérité met en avant une particularité du nationalisme catalan : il s'agit de créer une Catalogne plus solidaire, ce que la domination espagnole peinerait à réaliser. Cette solidarité inter-catalane ne concerne pas seulement les « Catalans de souche », mais bien tous les habitants de la Catalogne, d'origine espagnole ou immigrée. Il existe certes un mouvement xénophobe catalan (Plataforma per Catalunya), mais, significativement, il ne s'agit pas d'un mouvement indépendantiste. La plupart des mouvements indépendantistes, eux, restent fidèles à cette phrase de l'ancien président de la Generalitat Jordi Pujol : « Est Catalan, celui qui vit en Catalogne. » C'est là une différence de taille avec Flamands et « Padaniens », souvent marqués par des conceptions xénophobes et visant à couper dans les aides sociales. Bref, « l'égoïsme » vis-à-vis de l'Espagne se justifie par une solidarité interne.
La volonté de coopérer avec l'Espagne
Dernier point : il n'y a pas de volonté « d'abandon » de l'Espagne. Si l'indépendance doit arriver, elle fera l'objet d'une négociation où, notamment la question de la répartition de la dette sera nécessairement traitée. Il est historiquement très rare qu'un État prenne son indépendance sans reprendre une partie de la dette (ce fut le cas de Cuba en 1898 suite à la guerre d'indépendance contre l'Espagne, mais avec l'appui des États-Unis). Dans le cadre de cette négociation, la question d'une contribution catalane à la solidarité avec l'Espagne pourrait être posée. Le mouvement indépendantiste n'entend pas couper les ponts avec un pays dont seront originaire de nombreux Catalans et propose la création d'un « Conseil Ibérique » regroupant Andorre, la Catalogne, l'Espagne et le Portugal et instaurant des compétences et des solidarités communes sur le modèle du Benelux. C'est une vieille idée puisque déjà, en octobre 1934, le président de la Generalitat d'alors, Lluis Companys (exécuté en 1940 par les Franquistes) avait proclamé la création d'un Etat catalan « dans une fédération ibérique. »
La question européenne
Surtout, les nationalistes catalans, comme les Écossais, ne veulent pas de rupture avec l'UE qui, en théorie, est une structure qui favorise la solidarité entre les États. L'enjeu pour Madrid ne devrait donc pas être de bloquer le vote des Catalans, mais de renforcer la solidarité interne à l'UE. Or, en s'alignant sur Berlin, le gouvernement espagnol dirige l'UE dans le sens inverse : celui d'une UE où chaque pays doit assumer seul sa compétitivité en limitant la solidarité aux cas de crise. Nul ne peut accuser les Catalans de cette situation où l'UE peine à assumer sa propre solidarité interne. Et nul ne peut leur demander une solidarité « contrainte » que l'Allemagne refuse avec obstination au reste de la zone euro.
Un choix tardif pour la Catalogne
La preuve en a été apportée par une enquête d'opinion de l'institut CEO datant du 13 mars 2015. Cette enquête indique que, pour la première fois depuis 2012, le « oui » à l'indépendance de la Catalogne est dépassé par la volonté de rester unie à l'Espagne. 44,1 % des personnes interrogées sont favorables à l'indépendance contre 48 % de défavorables. Comment expliquer ce retournement ?
Première réponse : ce « retournement » est à relativiser. La Catalogne n'est pas, en effet, une terre traditionnellement indépendantiste. Pendant très longtemps, les Catalans ont fait le choix de l'autonomie. Cela a notamment été le cas après le retour de la démocratie en 1977 où le grand parti dominant du système catalan a été la coalition Convergencia i Unió (CiU), un parti qui avait négocié le maintien dans l’État espagnol moyennant de larges concessions de pouvoir à la région. Le seul parti réellement pour la rupture avec l'Espagne, les Républicains de Gauche de l'ERC, n'ont pas obtenu plus des 16,4 % réalisés lors des élections régionales de 2003.
Les Catalans ont découvert l'indépendantisme en 2010 lorsque le Tribunal Constitutionnel (TC) espagnol a censuré la majeure partie de l'Estatut, le nouveau statut d'autonomie de la région qui prévoyait notamment plus d'autonomie fiscale et qui avait été adopté par référendum en Catalogne en 2006 et voté ensuite par le parlement espagnol. Cette décision du TC a convaincu beaucoup de Catalans qu'il fallait rompre avec l'Espagne, toute amélioration étant impossible. Mais le « oui » à l'indépendance n'est devenu majoritaire qu'en 2012 lorsque le président conservateur du gouvernement espagnol Mariano Rajoy s'est aliéné encore plus de Catalans en refusant toute discussion sur un nouveau statut et en menant une politique d'austérité violente.
Pas d'effondrement du camp indépendantiste
Le retour à une situation où le « non » est majoritaire dans la population catalane n'est donc pas une anomalie, c'est au contraire un retour à la situation « normale » avant 2012. Mais, dans cette même optique historique, le score de 44,1 % pour le « oui » à l'indépendance est loin d'être un « mauvais score. » Il reste historiquement élevé. Par rapport à la dernière enquête, il ne perd d'ailleurs que 1,2 point, ce qui ne dénote pas réellement un vif mouvement de rejet de l'indépendance. C'est plutôt les partisans de l'union avec l'Espagne qui ont progressé avec une hausse de 3,5 points. Ce qui se passe, c'est un transfert des indécis vers le refus de l'indépendance. Mais il n'y a là rien de décisif. L'écart reste surmontable et, encore une fois, les partisans de l'indépendance demeurent à un niveau historiquement élevés.
L'émergence d'un nouveau paysage politique espagnol
Comment l'expliquer ? Le premier facteur est le changement majeur que connaît aujourd'hui le paysage politique espagnol avec l'émergence de deux forces nouvelles, Podemos à gauche (mouvement issu des Indignés) et « Citoyens » (Ciudadanos) au centre-droit, mouvement très engagé contre la corruption. Ces deux partis incarnent une volonté de renouvellement du personnel politique qui n'épargne pas la Catalogne et pas même le camp indépendantiste puisque la CUP a le vent en poupe et a fait chuter Artur Mas, débarqué de la présidence. Or, ces deux nouveaux partis sur l'échiquier politique espagnol sont favorables au maintien de la Catalogne dans l'Espagne. Tout du moins Ciudadanos car avec Podemos, il est difficile de savoir vraiment ce qu’ils veulent.
Chute de la CiU
Mais ces deux partis grignotent aussi des voix sur les partis indépendantistes « établis » et particulièrement sur la CiU qui est en forte chute de 11 points par rapport à 2012. Pour deux raisons. D'abord, cette coalition reste entachée par le scandale de l'évasion fiscale massive de la famille de Jordi Pujol, l'ancien leader de cette coalition qui a gouverné pendant 23 ans, de 1980 à 2003, la Catalogne. Un mouvement comme Ciudadanos, qui est à l'origine un parti catalan, n'a donc aucun mal à séduire une partie de l'électorat de centre-droit qui votait traditionnellement CiU, mais qui veulent « faire le ménage » dans la vie politique de la région. Sans compter que CiU est très divisée entre ses deux composantes sur la question de l'indépendance : les Démocrates-Chrétiens de l'UDC restent plutôt autonomistes, tandis que la CDC d'Artur Mas est devenu franchement indépendantiste. Beaucoup d'électeurs de la première composante de la coalition redoutent de se retrouver « coincés » dans l'indépendantisme de la seconde. Ils se tournent donc vers Ciudadanos dont le programme centriste leur convient. D'autant plus volontiers que ce dernier a mis de l'eau dans son vin unioniste en réclamant une autonomie fiscale pour la région. Du coup, le camp indépendantiste recule mécaniquement.
La possibilité d'une « autre Espagne » ?
Par ailleurs, l'émergence au niveau national espagnol d'un système à quatre partis et celle de Podemos en particulier ôte une raison de réclamer l'indépendance de la région. Dans les années 2011 et 2012, en effet, beaucoup de Catalans avaient estimé, face à la politique d'austérité de Mariano Rajoy, que l'indépendance était le seul moyen de parvenir à sauver l’État providence auquel les Catalans sont si attachés. ERC avait beaucoup fait campagne sur ce thème, estimant que la séparation avec l'Espagne était le seul moyen de sauvegarder la justice sociale. Mais avec le recul du Parti Populaire dans les sondages et son incapacité quasi-certaine à gouverner seul l'Espagne après les élections générales du 20 décembre, il existe un espoir de « changer l'Espagne » qui conduit une partie des électeurs de la gauche catalane, notamment ceux qui hésitaient entre indépendantisme et unionisme à préférer le maintien dans une Espagne « rénovée » et davantage sociale. A cela s'ajoute l'amélioration des conditions économiques, notamment la baisse du chômage et le retour de la croissance, qui conduit certains à préférer la « sécurité » du maintien de la Catalogne dans l'unité espagnole. Ces éléments expliquent donc en partie que, dans le sondage CEO, le camp du « non » à l'indépendance soit en progression, quand celui de l'indépendance stagne.
Un projet flou
Il existe enfin un dernier élément qui joue en défaveur de l'indépendance catalane : la division du camp indépendantiste. L'idée d'Artur Mas, lorsqu'il a convoqué les élections du 27 septembre 2015, était de lier les partis indépendantistes autour d'une « feuille de route » qui devait mener la Catalogne à l'indépendance en 18 mois après le scrutin. Autrement dit, ces partis continuaient à faire campagne séparément et à avancer leurs propres programmes, tout en se mettant d'accord sur la voie minimale à suivre pour parvenir à l'indépendance. Ce choix s'est, en réalité, révélé à haut risque. Les différences programmatiques, et donc la vision de la Catalogne indépendante, des deux grands partis sécessionnistes, CiU et ERC, sont en effet importantes. Sans compter qu'il a fallu se mettre d'accord avec les associations indépendantistes issues de la société civile (comme l'Assemblée Nationale Catalane, ANC, à l'origine du référendum du 9 novembre).
Or, cette feuille de route est finalement assez peu claire. On ignore ce qu'on entend par « victoire des partis souverainistes » et, si l'on s'accorde pour engager la création des structures d'un nouvel État, la question de la nature de cet État reste ouverte. Le parlement régional, en cas de victoire, devra approuver une déclaration « s'engageant dans la création d'un nouvel Etat ou d'une République », autrement dit l'option d'un État catalan « associé » à l'Espagne dans une forme d'union confédérale n'est pas exclue. Il s'agissait en effet de ne pas déplaire à l'UDC, ni à la gauche unie et alternative (EUiA), branche catalane de la Gauche Unie (Izquierda Unida). Au final, le processus devra s'achever par un nouveau référendum. Avec une telle feuille de route, le flou est donc de rigueur et il renforce le sentiment d'incertitude du choix indépendantiste.
Les divergences au sein du camp indépendantiste
A cela s'ajoute la méfiance quasi permanente entre ERC et CiU. La gestion du référendum du 9 novembre, le choix du format des élections du 27 septembre, la vision du futur Etat catalan séparent les deux partis qui peinent à se mettre d'accord pour définir des objectifs communs. ERC veut insister sur l'aspect social de l'indépendance ce qui n'est pas le choix d'une CiU qui, on l'a vu, doit ménager par ailleurs, une unité interne complexe. A cela s'ajoute la concurrence entre les deux formations pour être le premier parti indépendantiste. 

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