El Verdugo est un film de Luis García Berlanga, sorti
en 1963. José Luis, interprété par Nino Manfredi est un employé des Pompes
Funèbres, il rencontre le vieux bourreau Amadeo, joué par José Isbert. Or, la
relation qu’il va entretenir avec sa fille l’oblige à s’engager et à devenir,
bourreau, comme son beau-père.
Ce
personnage semble dans l’incapacité d’accepter moralement la fonction de
bourreau, puisqu’il déclarera à son beau-père « Creo que la gente debe
morir en su cama. »: d’après lui, la population doit mourir dans son
lit de causes naturelles. Il semble incarner la position de l’opinion publique
des classes moyennes de cette époque, à savoir, ne pas cautionner, ni prendre
part aux exécutions qu’impose le régime.Cependant, malgré les résistance qu’il
montre, il est contraint d’obéir. Ainsi, dans cette optique, l’exécution
commise à la fin du film peut incarner la disparition de sa moralité. Cela
permet de définir cette œuvre comme engagée, comme une critique de la
dictature de Franco, puisque le film se situe dans les années 1960.
Cette œuvre
peut également être visionnée par un spectateur critique qui décèle une caricature de la
société. En effet, puisque si le personnage principal accepte de signer un
papier qui fait officiellement de lui un bourreau, c’est avant tout pour
obtenir un appartement et y loger sa famille, en s’assurant un confort matériel
de vie. Certes il pense à sa famille, néanmoins, cela permet de combler des
envies matérielles. Mais, alors qu’il pensait que cela ne le rattraperait
jamais, une terrible lettre arrive et bouleverse la vie familiale. En effet, il
doit exécuter un condamné.
Si le film
semble aborder un sujet (certes obscur) de façon légère, plusieurs lectures de
ce film sont possibles. C’est pourquoi El Verdugo peut convenir à divers
types de spectateurs. Par exemple, la mort n’est pas représentée, et si dans les
dernières minutes du film on comprend que finalement le jeune bourreau a
procédé à sa première exécution, c’est seulement parce qu’il revient dépité,
parce qu’il semble anéanti, et parce ce qu’enfin il donne des billets à sa femme
en abordant le sujet.
Les
conversations présentes dans le film utilisent un langage relativement simple,
et révèlent des traits d’humour noir. C’est notamment le cas lorsqu’un homme
propose un café à l’employé des Pompes Funèbres, dans les premières minutes du
film alors qu’il transporte un cercueil qu’il doit remettre à sa famille. Cet
humour noir atteint son paroxysme dans les dernières minutes du film, puisqu’en
revenant de son exécution, José Luis rejoint son beau-père et lui déclare qu’il ne
pourra pas recommencer ce qu’il vient d’effectuer. Or, ce dernier lui réplique
que ces paroles, sont similaires à celles qu’il prononçait lui-même en début de carrière.
Finalement,
si le spectateur doit retenir un passage particulièrement représentatif de ce
film et de l’ambition de Berlanga, il s’agira sûrement de la scène de dialogue
qu’entretient José Luis avec le directeur, quelques minutes avant l’exécution.
Dans celle-ci, José Luis lui confie que le seul désir qui l'anime est de
vivre tranquillement, aux côtés de sa famille. Il tente de le convaincre en lui
montrant des photos de sa femme et de son enfant. Cependant, face à lui, se
trouve un homme (qui pourrait peut-être, être représentatif du régime de Franco
selon Berlanga) qui est insensible aux paroles du "bourreau malgré lui", et qui ne semble pas
comprendre en quoi cela le perturbe. Le représentant de régime paraît
déshumanisé, et cet acte que commet José Luis à son corps défendant est l’élément déclencheur
de sa propre déshumanisation puisqu’il semble s’inscrire dans le même cercle
que son beau-père.
Ainsi, je
pense que ce film, quel que soit son objectif, propose à chaque spectateur la
possibilité de bâtir sa propre opinion, à travers une histoire particulièrement touchante.
Emma M. (LS1)
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