Comment répondre au mieux aux
attentes du Jury de l’ENS-Ulm ?
N’oublions pas que la réussite
passe par cet instant très particulier où vous serez lu par vos correcteurs.
Quelle rencontre entre ces derniers et vous-même ? Votre copie saura-t-elle
intéresser, étonner, impressionner et finalement séduire ?
Pour se préparer au mieux,
essayons de lister ce qu’il convient de faire.
COMMENTAIRE
Quelques conseils de base
Ø Le
jury utilise l'éventail complet des notes, de 0 à 20/20, ce qui doit refléter
la très grande diversité des copies. Ces notes sont la somme des deux notes sur
10, correspondant aux deux exercices qui composent l'épreuve, le commentaire et
la version. Il est impensable de se limiter à l’une des deux sous-épreuves. La
version la plus parfaite, le commentaire le plus savant ne saurait se suffire à
lui-même. Le cadre de l’épreuve a changé en 2010, chacun est libre d’en penser
ce qu’il veut mais ce sont les règles du concours et vous devez l’accepter. Les
candidats (ou étudiants en cours !) qui ne veulent faire que de la
traduction au prétexte qu’ils sont plus intéressés par l’acquisition d’un
« niveau de langue » cherchent à masquer en fait une absence de vrai
courage et de vrai sérieux dans leur formation. Comment traduire correctement
si le texte n’est pas correctement appréhendé : traduire c’est d’abord,
lire, comprendre et savoir restituer les enjeux de l’écriture.
Ø Inutile
et dangereux de se lancer, tête baissée, dans l’épreuve. Pensez d’abord à faire
plusieurs lectures, crayon ou couleurs à la main (du jaune pour le cadre
spatio-temporel, du rose pour les voix narratives, du bleu pour les
personnages…).
Ø Utilisez
le dictionnaire pour éviter contresens et faux sens, pour vérifier un mot que
vous souhaitez utiliser dans le commentaire.
Rappelez-vous quels sont les objectifs principaux du commentaire
-
comprendre et analyser la construction narrative
-
comprendre et analyser les différents niveaux de
discours
-
commenter le déroulement de l'action et la
dramatisation
-
mettre en évidence des repères culturels et
littéraires.
Je vous rappelle que vous avez reçu des fiches de correction que j'ai soigneusement annotées. Révisez-les pour vous rappeler vos points faibles et ne pas refaire les mêmes erreurs.
Je vous rappelle que vous avez reçu des fiches de correction que j'ai soigneusement annotées. Révisez-les pour vous rappeler vos points faibles et ne pas refaire les mêmes erreurs.
Ø Sachez
vous appuyer sur le paratexte : Nom de l'auteur, date de naissance, titre de l'œuvre et date de publication sont
des éléments importants à reprendre au moment opportun sans pour autant tomber
dans le démarrage scolaire et laborieux du style « Se trata de un texto
cuyo autor es…. ». Mais ne tombez pas dans l’excès inverse, commenter un
texte sans jamais revenir sur ces éléments est un problème majeur : les
auteurs sont de vraies personnalités, des hommes et des femmes de leur temps et
le roman reste hanté par la question de l’évocation d’une société donnée dans
une époque donnée. Il faut donc savoir « replacer » votre
texte : Espagne(s) ou Amérique(s) Latine(s), époque contemporaine de la
date de publication ou passé plus ou moins lointain, dimension
autofictionnelle, identification personnages-narrateur-auteur… (dans Trilogía sucia de La Habana,
« Pedro Juan est Pedro Juan », Llamazares est très proche de son
personnage hanté par la question de la mémoire, Delibes est plus proche de
Mario que de Carmen, Roa Bastos endosse plusieurs voix narratives pour raconter l'histoire plurielle du Paraguay, Cortázar se retrouve dans tous ses narrateurs...).
Ø Le
jury n’est pas si difficile, il attend simplement de vous un commentaire
structuré, comportant une introduction qui annonce des axes de lecture et un
plan, un développement en plusieurs parties et une conclusion. Le jury est souple et accepte le commentaire
linéaire ou composé, le choix étant laissé à l'appréciation du candidat. Il faut
toutefois veiller à ne pas tomber dans les écueils de l'une ou de l'autre méthode.
Le commentaire thématique est toujours séduisant mais attention à ne pas trop
s’éloigner du texte qui ne devient qu’un prétexte pour des analyses souvent
théoriques et abstraites (savoir repérer dans mes cours ce qui est motivé par
mon souci de vous transmettre des éléments de culture générale et ce qui renvoie
à la démarche du commentaire de texte). Quant à l’analyse linéaire, elle pousse
souvent les candidats à la paraphrase, à la reformulation : combien de
fois ai-je indiqué sur des copies « No cuentes el texto. » !
Ø De
la même façon, ciblez bien votre axe de lecture : ni trop général, ni trop
précis. Pour ce qui est du texte de Pedro Juan Gutiérrez, proposer une analyse
qui revienne sur trois discours de trois générations de personnages (la vieille
folle, le narrateur et Carlitos) pouvait permettre à la fois le commentaire
psychologique mais aussi historique et sociologique. Dans le texte de Vargas
Llosa, un axe de lecture consacré au rapport entre « écrire et
peindre » permettait d’étudier les voix narratives, la composition et le
topique du « peintre et son modèle ».
Ø Ménagez
vos effets et faites attention aux références : inutile de convoquer votre
programme d’Histoire ou de Lettres mais si vous avez étudié en cours un sujet
qui semble avoir un rapport avec le texte, ne vous en privez pas (« Las
dos Españas » sont bien présentes dans le texte de Delibes, ceux de
Cortázar permettaient de revenir sur les caractéristiques du genre bref,
l’autofiction ou le roman autobiographique travaillé avec mes collègues était
bien illustré par la Trilogía…).
Ne voyez pas DQ ou Don Juan partout,
ne passez pas votre temps à parler de « honra », tordez le cou aux
clichés et aux préjugés, tournez le dos au formalisme superficiel (copies
bourrées de figures de styles, de relevés de temps verbaux ou de champs
lexicaux).
Une référence à un auteur, à un texte, à une
période doit être faite à bon escient : évoquer Quevedo dans l’analyse du
texte de Llamazares pouvait sembler curieux à première vue mais le commentaire
de l’identification du corps du narrateur au village abandonné et presque mort
ne pouvait que renvoyer à un sonnet célèbre. La difficulté est toujours de
trouver le ton juste et de placer la référence au bon moment. Le risque est de
tomber à côté.
« La clé de la réussite dépend donc totalement de la synergie de
plusieurs compétences acquises au moyen d'un travail continu et sérieux :
l'analyse méthodique et approfondie des textes, la mise en rapport féconde avec
le contexte qu'ils font émerger, l'acquisition d'une culture générale. »
Ø Attention
aux termes que vous maniez : Beaucoup de commentaires parlent de
métaphores, d'allégories et autres symboles en mélangeant un peu tout, et sans
faire vraiment de différence. Le style indirect libre apparaissait dans le
texte de Mujica Láinez, il était bien de le repérer mais quelle était son
utilité à ce moment précis du texte ? Attention aussi à l’omniscience
supposée du narrateur ou aux confusions entre présent et passé avec les jeux
sur la structure du récit : le texte de Llamazares n’était qu’un ample
mouvement de retour sur le passé du village cher à Andrés qui démarrait à
l’arrivée d’un visiteur hypothétique.
Ce qui importunera au plus haut point le jury ?
Hormis tout ce qui vient d’être
dit, ce qui fera bondir vos correcteurs est de façon évidente le niveau de
langue. Vous aurez à faire à des passionnés de l’espagnol. Si vous massacrez
syntaxe et conjugaison, si vous ne prêtez aucunement attention aux accords, au
genre et au nombre, si vous confondez SER et ESTAR, POR et PARA, HABER et
TENER, A et EN… bref si vous donnez l’impression que vous n’avez rien suivi de
votre formation, vous courez à la catastrophe. Il faut donc revoir au plus vite
fiches grammaticales, fiches récapitulatives, contrôles de lexique et de
verbes… sans compter vos propres fiches émanant d’une fréquentation assidue de
la grammaire.
VERSION
Les erreurs à ne pas
commettre, du grave à l’insupportable !
1-
Ponctuation
Accent
Majuscule
2-
Registre de langue
Impropre,
Inexact
Mal dit
Double
traduction
Répétition
3-
Genre, nombre
Faux sens
Très mal dit
Omission
4-
Contresens lexical
Temps
Personne
Loin du texte,
glose
Illisible
5-
Barbarisme lexical
Solécisme
Contresens de
phrase
Hispanisme
Accords
6-
Mode
Barbarisme
verbal
Rupture de construction
Non sens
A ne pas oublier
Date en
espagnol
Soin apportée
à la copie et la graphie.
Références du
texte : D’après….
Relectures nécessaires pour:
-
vérifier les oublis de mots, de phrases…
-
travailler le style…
faire les vérifications nécessaires
en fonction du barème
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